Les chroniques sportives du Grand Palais : le sport durant la Seconde Guerre mondiale en 5 moments clés

1. Des salons d’art aux arènes sportives

Dès 1940, le Grand Palais devient l’organe de communication du gouvernement de Vichy. Au cœur de la Nef, des gradins s'élèvent, un ring trône fièrement : les "Arènes du Grand Palais" prennent vie. Ce n'est pas un simple changement de décor mais une transformation orchestrée par le gouvernement de Vichy pour faire du Grand Palais un outil de propagande éducative par le sport. Ainsi, galas de gymnastique et combats de boxe deviennent des événements incontournables, dessinant un nouveau visage du sport.

2. Consécration de la gymnastique rythmique avec Irène Popard

6 juin 1942. Le Grand Palais vibre au rythme de la gymnastique avec un gala exceptionnel. 250 élèves de l’École Irène Popard et 120 concertistes offrent une performance fascinante. Ici, pas de gestes brusques, mais des corps gracieux évoluant sur des airs de grands maîtres et de vieilles chansons françaises. La "méthode Popard" prône douceur, souplesse et élégance et rythme, donnant à voir « une magnifique image de la nouvelle femme française ». Au terme de la soirée, « l’Hymne au Maréchal » résonne sous la verrière, tandis que les jeunes gymnastes, agenouillées, lèvent les bras vers un portrait de l’homme d’État. Ovation pour la prestation « des petites Popard ».

3. Marcel Cerdan affronte de Ridder : un combat de boxe mémorable

Samedi 27 juin 1942, 16h. Marcel Cerdan, l'un des plus grands boxeurs français s’entraine aux Arènes du Grand Palais pour un combat crucial. Il se prépare à affronter le solide et endurant boxeur belge, Gaspard de Ridder.
Le lendemain, dimanche 28 juin, le ring est prêt. La presse est en émoi, l’adrénaline monte. En quelques secondes, Cerdan passe à l’offensive avec un crochet du gauche, suivi d’un enchaînement foudroyant. De Ridder s’effondre, bras écartés, incapable de réagir. Le combat se termine en 80 secondes. La foule explose, acclamant leur nouveau Champion d’Europe.

4. Stade couvert pour l’athlétisme parisien

En 1943, le Grand Palais se réinvente en un complexe sportif moderne. Sous la houlette du Centre d'Initiatives Sociales du gouvernement de Vichy, la Nef est transformée en un stade comprenant une piste de 200 mètres, un terrain de basket et un espace de sautoirs. Les prestigieux clubs dont Paris Université Club, le Stade Français, le Racing de Colombes s’y installent, et des champions d’athlétisme comme Armand Crestois y entraînent les talents de demain. Tous se disent satisfaits. Le Grand Palais insuffle une dynamique sportive intense au cœur de Paris : les dimanches sont rythmés par des matchs de basket et les après-midis de la semaine, y compris le samedi, sont dédiés à l'entraînement.

5. Lumière sur le volleyball féminin

En 1944, le Grand Palais accueille un match de volleyball féminin historique. Encore récent en France, ce sport importé par les américains pendant la Première Guerre mondiale, connaît son premier championnat en 1941. La Fédération française de volleyball (FFVB) voit dans cette rencontre l’occasion de montrer les progrès techniques de ce sport, souvent considéré comme "féminin" ou “sport de détente” en raison de sa simplicité apparente. Ce soir-là, les joueuses, par leur grâce et leur coordination, démontrent que le volleyball est un sport à part entière, capable de séduire un public de plus en plus large.