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Pourquoi la mer a-t-elle tant inspiré les Romantiques ? Retour sur l'article "Vision de la mer au 19ème siècle", paru dans Histoire par l'image et sélectionné pour vous accompagner pendant cette période estivale...
La période romantique est marquée par une sensibilité au monde et une exaltation des sens paroxystiques. Les écrivains européens s’inspirent du Sturm und Drang (tempête et élan) hérité de l’Allemagne du XVIIIème siècle pour exprimer le fameux Mal du siècle, que décrivent si bien Chateaubriand et Musset dans leurs écrits autobiographiques : Mémoires d’outre-tombe et La Confession d’un enfant du siècle. Les peintres comme Turner, Constable, Friedrich ou encore Delacroix et Courbet s’inscrivent dans cette veine. Il s’agit d’incarner sur la toile comme sur la page blanche les atermoiements de l’âme. Si le lyrisme atteint son paroxysme en littérature dans l’écriture du je et l’épanchement des états d’âme, en peinture il s'exprime dans la force de la composition, le travail sur la lumière et le choix d’un motif esthétique traité sous un jour nouveau : la mer. Celle-ci devient en effet pour le peintre un espace privilégié pour y projeter sa sensibilité.
Comme le montre très bien l'historien Ivan Jablonka dans son article La vision de la mer au XIXème siècle publié sur le site l’Histoire par l’image, si la mythologie et la Bible ont peuplé la mer de monstres marins, sirènes et autres Charybde et Scylla, « cette image s’estompe peu à peu dans les consciences occidentales, à la faveur d’un processus de familiarisation (…) et de l’essor de la sensibilité romantique qui puise une part dans la contemplation de la nature ».
L’étendue d’un espace indompté qui s’ouvre à l’infini traduit le désir d’ailleurs cher aux Romantiques, et devient un lieu favorable à la rêverie contemplative, à l’abandon de l’âme, à la mélancolie. L’immensité de la mer dit aussi la petitesse presque pascalienne de l’homme confronté au Sublime. Pour représenter ce rapport à l'immensément grand, on aperçoit souvent au loin un bateau, point perdu dans l'horizon ou des hommes sur le rivage observant le spectacle grandiose de la nature. Le spectateur-contemplateur est invité à partager cette expérience qui interroge le rapport vertigineux à l’éternité.
Ainsi les toiles de Turner dont la palette simple faite d’un camaïeu de bruns et de beiges nuancés de gris-blancs à la luminosité si rayonnante, expriment-elles le sentiment intérieur du peintre. Le site Histoire par l’image dans l’article précédemment cité s’intéresse à Paysage avec une rivière au loin et une baie.
La rivière au loin s’évanouit dans le ciel, lui-même fondu dans la ligne d’horizon ; tout est vaporeux ici : ciel, baie et mer ne font qu’un pour se perdre dans un lointain brouillé qui aurait pu inspirer ces vers de Baudelaire consacrés à Marie Daubrun dans "Ciel brouillé" :
Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu’allument les soleils des brumeuses saisons…
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé !
Ces vers ne valent-ils ekphrasis (évocation d’une œuvre d’art) ? On y retrouve le tableau d’un « paysage mouillé » qui rappelle l’obsession artistique du peintre anglais : construire son paysage par la couleur, plus que par la ligne. Le bleu de la mer et du ciel au loin sont noyés dans un gris lumineux ; tout se dissout pour créer une « perpective atmosphérique », en italien, sfumato. Ce rivage amphibie où affleure au premier plan le sable doré dans un geste quasi alchimique, invite à la rêverie romantique.
On peut ainsi, en peinture comme en littérature, parler de paysages état d’âme, pour reprendre l’expression de l’écrivain Henri-Frédéric Amiel en 1852 : « Chaque paysage est un état d’âme ». Car la mer par son caractère protéiforme traduit particulièrement bien les oscillations de l’âme. Chaque représentation picturale de la mer se teinte des sentiments du peintre. Aux rares représentations d’une mer d’huile - on pense à La mer vue des hauteurs de Dieppe de Delacroix, conservé au Louvre, qui représente la vision élégiaque d'un coucher de soleil sur une mer calme -, s’opposent le plus souvent les peintures de tempêtes, autant de tempêtes sous un crâne ! Turner saura retranscrire sur ses toiles l’énergie et la fulgurance des bourrasques en s’y élançant lui-même corps et âme ; à la manière d’Ulysse, il demandera, raconte la légende, qu’on l’attache au mât d’un bateau pris dans la houle.
La vague de Courbet, autre tableau dont vous retrouverez l’analyse sur le site Histoire par l’image, représente par son travail sur la matière, étalée au couteau dans un geste brut, la violence palpable des éléments qui se déchaînent ici ; sorte de préfiguration de ce que Géricault exacerbera dans Le Radeau de la Méduse : on y tremble « d’un effroi provoqué par la mer en fureur, l’agitation broyeuse des vagues et la morsure des récifs acérés » pour reprendre les mots du philosophe Alain Corbin dans Le Territoire du vide. L’Occident et le désir du rivage (1750-1840) paru en 1988.
Baudelaire, grand ami de Courbet, traduit en un tercet ce rapport si singulier qui relie l'homme à la mer.
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
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