L'aspect mystique de Bill Viola
L'artiste utilise la technologie comme une force spirituelle. Leurs forces et leurs faiblesses sont transposables à celles de l’être humain : dans Heaven and Earth, deux vidéos, l’une représentant la naissance et l’autre la mort, sont diffusés sur des écrans cathodiques retenus par de simples fils de fer : on lit dans la fragilité du support celle de ses sujets. L’essence même du numérique est impalpable, conceptuelle, métaphysique. Et nous-même, sans la spiritualité, ne sommes plus qu’un code, reconnus par notre ADN. En ajoutant la spiritualité à ses vidéos, Bill Viola les rend œuvre d’art. Avec leur âme, les artistes font ce que ceux qui ont créé les machines n’auraient jamais imaginé. « Tous les arts créatifs sont une recherche de l’immortalité », explique Bill Viola.
Dans « The dreamers », une de ses dernières pièces, il remet en scène un épisode fondateur de sa vie : à 6 ans, alors qu’il manque de se noyer, il réalise au fond de l’eau l’ampleur du monde qui l’entoure. Avec cet événement, c’est le processus du baptême, et de la purification, qu’il interroge. Plus tard, ses longs voyages en Orient l'ont amené à s'ouvrir à des cultures beaucoup plus tournées vers la spiritualité : son retour en Occident, et sa pratique du christianisme se sont trouvés marqué par son étude du Zen ou du bouddhisme. Sa vision du paradis s'expose dans Chott El-Djerid, qui représente un mirage, et son mantra est devenu la phrase du persan Roumi : « Augmente ton besoin pour augmenter ta perception ».