Mucha croit en l'importance de l'art comme moyen d'expression de sa spiritualité et de ses croyances.
Les affiches de Mucha ne sont pas seulement des publicités : au-delà de la simple esthétique, elles sont les véhicules de son message spirituel. Chaque trait, chaque détail est soigneusement pensé pour transmettre une émotion, une histoire, une quête spirituelle profonde.
Selon Jiří Mucha, fils et biographe de l’artiste, ce dernier cherche à travers ses dessins à "construire un système philosophique complet". Il pense pouvoir transmettre une signification plus profonde, qui dépasse de loin la seule image.
Son spiritualisme et son mysticisme remontent à son enfance, nourrie de la ferveur religieuse de sa mère et aux longues heures de prière.
Je restais agenouillé pendant des heures devant la maquette du Saint-Sépulcre. C’était dans une alcôve sombre, couverte de fleurs lourdes de leur parfum enivrant, et des bougies de cire brûlaient tranquillement tout autour en donnant une sorte de lumière sacrée (...).
- Alphonse Mucha
À Paris, plusieurs rencontres contribuent au renouveau de son spiritualisme. D’abord la colonie d’artistes de la crèmerie de Charlotte Caron, rue de la Grande-Chaumière, dont il fait partie entre 1890 et 1896 ; puis, les cercles intellectuels auxquels il se mêle après son déménagement rue du Val-de-Grâce en 1896 ; enfin, la franc-maçonnerie.
Mucha découvre à leurs côtés la théosophie, un courant philosophique religieux qui explore le mysticisme et l'occultisme.
L'artiste s’intéresse aux sciences occultes alors très en vogue en cette fin de siècle avec les travaux de Freud et cette fascination nouvelle pour l'exploration de l'inconscient et du rêve.
Mucha, dans son atelier parisien, se livre à des expériences de suggestion verbale et musicale sur des sujets préalablement envoûtés par un savant spirite, Albert de Rochas, parapsychologue de renom.
Les attitudes lascives des figures féminines dans un état de somnolence contemplative surgissent de ces séances, créant une atmosphère captivante et mystérieuse.
Les nimbes et les auréoles ornées de mosaïques ou de broderies évoquent les vibrations lumineuses qui semblent émaner des sujets hypnotisés. Cela nous rappelle la figure hallucinée de Médée, magnifiquement incarnée par Sarah Bernhardt.
Même les bijoux, qui s'affichent fièrement, renferment des pierres précieuses supposées posséder des pouvoirs hypnotiques. Les affiches de Mucha nous transportent dans un univers ensorcelant où l'art et la fascination se mêlent harmonieusement. Son grand œuvre, L'Épopée slave, en est l'ultime démonstration.
L’art est l’expression de sentiments intérieurs (...) d’un besoin spirituel.
- Alphonse Mucha
