" C'était bien avant les années 80. J'étais alors un adolescent timide et rond. Un beau soir, mon père, qui s'occupait de droits d'auteur pour les artistes, m'entraîne à l'inauguration de la Fiac au Grand Palais. Sous la verrière, me voici déambulant fièrement, une coupe à la main, me remplissant les mirettes de plein de choses bizarres… Des choses comme je n'en avais encore jamais vues : de l'art contemporain. C'était inventif, insolent, coloré, décomplexé : partout, des idées, de la gaieté et de la joie de vivre.
Au milieu d'une allée, une fille très maquillée et presque nue, assise sur une chaise à califourchon, offrait aux passants - contre une somme modique - un baiser. C'était une proposition artistique…
Devenu sensible à l'art contemporain, et prenant mon courage à deux mains - le champagne ? -, j'engage illico mon argent de poche. Quelle expérience : ce ne fut pas un baiser de cinéma, mais un vrai palot profond, avec langue tournante et tout et tout, et le sourire de la jeune beauté avec.
Ce fut aussi mon premier "vrai" baiser. Vive l'art au Grand Palais ! "
Yves Castelain – 25 mars 2009
Directeur de l'agence Castel1